Bonjour Maître, est-ce que tu peux te présenter ?

– Salut Coline, moi c’est Christophe Duclos, je reviens dans mon fief ! j’adore retrouver mes copains d’Aix-en-Provence avec qui j’ai passé toute mon enfance à faire de l’escrime et même si j’ai jamais été licencié à Aix ASPTT, autrefois, j’ai toujours gardé une très bonne relation avec les maîtres d’armes en charge du club actuel et les anciens avant.

 Je suis actuellement Maître d’Armes à l’Université de Duke en Caroline du Nord, aux Etats Unis (d’Amérique), très connue pour à la fois son excellence académique mais aussi pour ses installations et sa structure athlétique. On a une section escrime qui est de plus en plus compétitive avec plus d’une quarantaine d’athlètes qui s’entraînent 5 jours sur 7, toute l’année, pour arriver à gagner les championnats universitaires NCAA (National Collegiate Athletic Association) aux Etats Unis c’est quelque chose d’énorme, à la fois en termes de retournées financières et médiatiques aussi pour les universités.

Est-ce qu’il y a plusieurs maîtres d’armes ou es-tu le seul de la structure ?

-Chaque université affiliée au NCAA a le droit au maximum à 3 Maîtres d’Armes, un par arme, un Head Coach (entraineur principal) et puis un responsable du recrutement et de l’administration.

Et toi tu es sur quelle arme ?

-Moi je suis sur l’épée et je donne un coup de main au fleuret. 

Mais l’épée reste supérieure aux autres armes ?!

– Maître d’Armes français donc j’adore l’escrime en général, je suis passé par une carrière spécialisée au fleuret, puis j’ai travaillé comme entraîneur national au fleuret avant d’arriver aux Etats Unis ou là j’étais en charge d’un centre d’entraînement de la East Coast qui était à l’épée et au fleuret. Et lorsque j’ai décidé de m’en aller, parce que ça faisait beaucoup de travail avec 300 licenciés, j’ai eu l’opportunité de travailler et on m’a proposé de prendre l’épée, et j’adore l’épée, tout comme j’adore le fleuret !

Pour moi le fleuret est magnifique, maintenant l’épée est exceptionnelle dans le sens où en termes d’enseignement il y a un nombre incommensurable de choix d’actions, d’options tactiques et techniques possibles ce qui rend l’arme vraiment, vraiment intéressante alors que le fleuret se rapproche de plus en plus du sabre où on sait qu’il va falloir être très agressif, très attaquant dès le départ, avec une touche qui va être très brève, très rapide alors que l’épée beaucoup plus une arme de réflexion, de construction.

Et l’Aix ASPTT, maintenant EPA, tu la connais depuis quand et pourquoi ?

– Et bien écoute j’étais l’élève de Maître Tabarant au Pôle de Aix-en-Provence, donc je venais m’entrainer en plus à l’ASPTT du temps où c’était au Jas-de-Bouffan.

Tabarant père ?

– Tabarant père, Gilles ! Je n’ai pas travaillé avec Aimé (Tabarant) mais j’ai connu Aimé qui était au CREPS et j’ai toujours côtoyé ces gens-là en descendant à Aix, même après avoir décidé d’ arrêter ma carrière d’athlète pour m’engager dans la Marine Nationale pendant 5 ans, et puis ensuite je suis parti faire du fromage de chèvre dans la Drôme, et donc là je me suis dit : « Bah tiens la Drôme c’est pas loin d’Aix » et un jour j’ai décidé de prendre ma moto et de redescendre à Aix pour aller faire un peu d’escrime. Et c’est là que Gilles m’a dit : « Pourquoi tu passes pas ta maîtrise d’armes, pourquoi tu n’enseignerais pas ? »

J’étais accompagnateur en montagne et j’avais développé une structure aussi qui faisait de la randonnée accompagnée pour les touristes, donc j’étais quand même assez sur le milieu naturel, et puis finalement je me suis dit : « oui, pourquoi pas ? J’ai déjà un BE (Brevet d’Etat) Montagne, je peux avoir un BE d’escrime très facilement.» Donc j’ai passé la spécialité escrime après avoir mon tronc commun et puis, de là, avec mon BE en escrime, j’ai repris le club de Gap, puis ensuite j’ai pris le club de Montélimar, et le club de Montélimar m’a offert de continuer mon éducation, donc j’ai passé un BE 2, et ensuite j’ai passé un professorat de sport. J’ai obtenu un professorat de sport mais sur liste d’attente, j’ai eu un poste, une opportunité la DDJS de Lille… Que j’ai refusé ! Et de là je suis donc parti à l’étranger.

D’accord, Lille c’était trop loin donc t’es parti en Amérique ?

– Non je suis d’abord parti en Jordanie, en charge de l’équipe de fleuret garçons et filles pour préparer les championnats du monde arabe, et puis de là, le Qatar m’a proposé un contrat parce qu’on avait battu le Qatar par équipe pour la première fois.

Donc je suis parti au Qatar, où ma famille m’a rejoint, et on a passé 6 ans au Qatar pour préparer les jeux d’Asie et les jeux de Pékin 

Donc tu parles plusieurs langues, et tu as eu plusieurs vies aussi j’ai l’impression.

– Oui, mais c’est ça qui fait la richesse aussi ! Et le tout en jetant mon dévolu sur l’escrime.

Niko (Nicolas Wagner) m’a dit que tu avais des projets ?

– Ouai, j’ai un projet ! Disons que depuis 4 ans maintenant je travaille à l’Université de Duke, j’ai découvert qu’en fait l’université c’était le bonheur, d’une part parce je faisais au quotidien mon sport préféré, pratiqué avec des 18-22 ans super motivés, donc ça c’est exceptionnel. Et en même temps j’ai des ressources à côté, de savoir, de connaissances et financières énormes, infinies ; donc des idées moi j’en ai, et j’ai rencontré des gens qui me proposent des solutions, qui m’offrent la chance de m’accompagner, donc j’ai créé récemment l’école d’escrime en ligne, c’est plein de tutos avec 3 niveaux, plein de vidéos, de manière à ce que ce soit très pratique, puisque les Etats Unis pour 2022 obligent tout entraîneur sportif à être certifié professionnellement et à suivre une formation continue.

Donc j’ai créé cette école d’escrime en ligne.

Qui s’adresse à qui ?

– Ça s’adresse à tous les entraîneurs, enfin tous les futurs éducateurs et entraîneurs d’escrime qui désirent ouvrir un club d’escrime. Puisque c’est un petit peu différent aux Etats Unis, n’importe qui peut décider d’acheter un petit studio et y mettre 4 pistes d’escrimes.

Okay, je vais partir aux Etats Unis et fonder une école d’escrime.

– C’est un petit peu justement la manière dont l’escrime s’est développée aux Etats Unis avec énormément d’immigration et de gens qui savaient, ou pas trop, ou en tout cas étaient un peu escrimeurs… Ça fait un grand boum, mais maintenant on se rend compte qu’on a à faire face à des problèmes comme le harcèlement sexuel… Des gens qui ne sont pas professionnels… Donc le Comité Olympique a vraiment décidé de passer des lois.

Effectivement même depuis la France on entend parler de ce problème aux USA. 

– Voilà ! On essaye de canaliser tout ça et c’est là qu’ intervient mon école d’escrime en ligne ! Et de là en fait, j’ai sauté sur un nouveau concept que je démarre là, en septembre.

Concept breveté ?

– Non pas encore !

Alors on ne va pas trop le dévoiler, qu’est-ce que tu peux me dire dans les grandes lignes ?

– Dans les grandes lignes, ce concept serait vraiment une première et a toutes les raisons de bénéficier d’un grand boom. Nous avons déjà les investisseurs pour le prototype sur lequel nous travaillons. Nous nous basons sur le travail qui a déjà été fait sur mon école d’escrime en ligne mais cette fois-ci en exploitant les nouvelles technologies !

Pour l’instant, ton école en ligne d’escrime est disponible sous quel support ?

  Et bien il suffit de taper « Global Fencing Masters », ou https://www.globalfencingmasters.com/ et puis tu pourras voir tout ce qu’on propose en termes d’accompagnement personnalisé pour des jeunes athlètes qui ont besoin d’un soutien supplémentaire ou plus expert. 

Donc là actuellement je travaille avec quelques Chinois, je travaille des Canadiens, je travaille avec un Australien, qui m’envoie des vidéos, je travaille avec des coachs Chinois aussi… Et je vais à l’étranger pour former les entraîneurs et leur délivrer un diplôme américain, s’ils le méritent.

Et ton nouveau projet dont on ne parlera pas…

Il permettrait de former des élèves ET des coachs, de façon plus intéressante et plus adaptée individuellement, avec moins de contraintes aussi. Le but c’est de développer ça surtout dans les pays émergeants en termes d’escrime, comme l’Inde qui est l’exemple parfait du type de nation qui pourrait tirer un gros avantage de l’école d’escrime en ligne et du nouveau projet que je développe.

Entretien entre C. Garcia et C. Duclos en date du 08/06/2021